Merci Michael Lonsdale de parler aussi bien de l'acte de peinture

 

 







Les mots de Michael Lonsdale me touchent :

 LA PEINTURE

« J’aimerais beaucoup parler de la matière. J’aime la matière qui est visitée, c’est-à-dire, respectée. Dans les œuvres que l’on voit, souvent la matière est crachée, jetée, vomie sur la toile. Je n’aime pas cela parce que la matière, pour moi, c’est sacré. Je la trouve belle quand elle est habitée par une grande paix, une considération énorme. Un soin et une intention qui font que ces petits bouts de peinture sur une palette avec un peu d’huile –je vois la matière chez Rembrandt, chez Titien, chez Bonnard- sont transfigurés par une présence. Celle de l’amour de ce que l’on est en train de faire. Avec un respect de la matière. On ne peut pas la jeter, la cracher…

Les artistes sont souvent mal compris, mal reçus. Ils expriment quelque chose qui est de l’ordre d’une nécessité profonde chez eux… d’absolu. Ils ont tout à coup une inspiration, il leur faut dire ça et pas autre chose. Peindre, c’est ce mouvement. Les couleurs viennent, une couleur en appelle une autre. Je ne sais jamais ce que je vais peindre. Je commence par un gribouillis et là-dedans commence à se former des choses que je suis et que je complète. Je fais un tableau et après je suis obligé de le retravailler entièrement pour arriver à cette musique. La couleur est le témoignage de l’harmonie et du bonheur. J’aime beaucoup les coloristes : Klee, par exemple. Savoir faire chanter les couleurs.

Voilà ce que je ressens quand je peins. Alors il y a des moments terribles où on ne trouve pas. On gratte, on travaille… Il faut une patience ! Je crois que l’on est appelé à faire quelque chose qui n’est pas compris. On ne comprend pas ce que l’on fait. Mais il y a un besoin impérieux de faire tel trait, telle trace de couleur, de donner une telle intensité à une couleur, ce champ entre les couleurs. Une symphonie…

Il m’arrive de travailler sur trois ou quatre toiles à la fois. Puis je laisse reposer et je passe à autre chose… et le tableau m’apparaît tout d’un coup dans son évidence ou dans son manque… Il faut encore retravailler. On demande souvent aux artistes : « Mais qu'avez-vous voulu peindre ? » Cette question est impossible ! Comme si on demandait à quelqu’un : « Pourquoi êtes-vous ce que vous êtes ? » On est comme on est ! On ne peut pas expliquer. Ou la peinture touche les gens, ou les gens ne lui sont pas sensibles.

Il ne faut surtout pas avoir la volonté de dire : « Tiens, je vais faire un beau tableau. Je vais mettre du vert, du rouge, du bleu. » Non, il y a quelque chose d’inconnu en nous, il faut lui donner la parole, lui laisser le temps, la place de s’inscrire ; quelque chose qui ne relève pas de notre volonté. En art, la volonté tue… « Je veux faire ça, et ce sera bien comme ça. » Il faut une position beaucoup plus modeste et se dire : « Laissons la place à l’inspiration et à ce qu’elle va nous faire faire. Laissez venir en vous des choses qui vous sont inconnues. »

L'intégralité des notes sont visibles sur le blog de Marie Adam, comédienne, professeur et Metteur en scène : 

https://www.facebook.com/marie.adam.716


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