Printemps volé par le confinement

                                                 N°44   48cmX50cm

"Aujourd'hui, pour la première fois de cette année, les choses avaient l'éloquence qu'elles retrouvent toujours quand renaît l'émouvant pressentiment du renouveau. Rien ne bouge nulle part encore, mais pourtant l'hiver se meurt, et à mesure qu'il faiblit, tout ce qui attend sous la terre triomphe secrètement.

A travers la dentelle raide de la forêt nue, à l'instant où le jour tombe, le ciel se couvre de rose, des nuages violets traînent en lambeaux, très bas vers le couchant. Ainsi la belle saison, encore lointaine, s'annonce par ce crépuscule aigre, ingrat, de février, qu'elle gonfle de promesses : il y flotte quelque chose de tendre, d'indéfinissablement beau.

On voit devant soi, l'avenir grandir immensément et l'on dirait qu'en cet instant l'être se trouve en équilibre sur les cordes tendues d'un vertigineux, d'un douloureux désir d'éternelle jeunesse... Comme tout, jusqu'à l'infini, se ressemble et vibre."

Puis ce fut mars 2020 à Paris et le confinement m'a privé de la force vive du printemps qui fut partout radieux cette année. La lecture du livre de Raymonde Vincent compensa ce manque

Extrait du livre " Campagne " .
" Campagne " est un roman de Raymonde Vincent publié en 1937 aux Editions Stock. Il a reçu la même année le prix Femina.

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